L’OMS, dans un rapport publié le 30 avril, dénonce la difficulté des antibiotiques à traiter de plus en plus d’infections dans le monde ! Pourtant, leur arrivée dans la thérapeutique fut une révolution on ne mourait plus d’infection. Puis apparurent quelques échecs et l’on s’aperçut que les bactéries devenaient résistantes, par mutation ou par sélection naturelle. Les plus coriaces, minoritaires jusque-là , avaient le champ libre pour se multiplier à souhait. L’industrie pharmaceutique développa de nouvelles molécules et perfectionna celles issues du groupe initial des pénicillines, permettant ainsi de contourner les défenses des bactéries et de gagner à nouveau la partie. Mais progressivement, de nouvelles résistances bactériennes sont apparues, et nous sommes aujourd’hui en présence de souches qui ont le champ libre pour se développer, n’étant plus sensibles aux antibiotiques mis à notre disposition par l’industrie pharmaceutique. Les affections liées à ces bactéries résistantes ne constituent pas encore la majorité des infections, heureusement, mais sont extrêmement graves et de plus en plus souvent mortelles… La situation est devenue suffisamment préoccupante au niveau mondial pour que l’OMS se saisisse du problème et émette un rapport et des recommandations destinées à essayer d’éradiquer ces résistances. Favoriser le bon usage des antibiotiques pas d’usage systématique, adapter l’antibiotique à la souche, faire des traitements suffisamment longs, dépister les porteurs de souches résistantes afin de les isoler et de les traiter, inciter les dirigeants à investir dans la recherche dans un domaine où l’industrie pharmaceutique semble marquer le pas marché trop restreint, pour l’instant, pour justifier des investissements lourds ?. Souhaitons que ces mesures aboutissent, mais elles seront peut-être insuffisantes si elles ne sont pas complétées par d’autres d’ordre plus général éviter les univers concentrationnaires qui font le jeu des épidémies, que ce soit au niveau animal avec les élevages en batterie - grands foyers d’épidémie, faisant donc un usage immodéré des antibiotiques - ou au niveau humain où la promiscuité souvent hélas inévitable accélère le processus de contamination et de sélection des germes. Peut-être faudra-t-il aussi revoir la conception même de nos hôpitaux qui sont de plus en plus centralisés et donc fragilisés en matière d’infectiologie ? Mais il serait nécessaire d’aller au-delà de ces recommandations, d’envisager que les antibiotiques ne soient peut-être pas la seule arme contre les infections, et s’intéresser à d’autres moyens de lutte contre les bactéries, comme par exemple le firent les pays d’Europe de l’Est du temps de la guerre froide, où par manque d’antibiotiques ils développèrent la phagothérapie usage de virus bactériophages avec, semble-t-il, des résultats très encourageants. Les résistances bactériennes aux antibiotiques et le développement des infections surtout nosocomiales sont, depuis longtemps, évoqués dans le milieu médical. Espérons que ce récent rapport de l’OMS permettra de stimuler une prise en charge globale, non plus uniquement médicale, de ce qui n’est pour l’instant qu’un problème... mais qui peut devenir un fléau au niveau mondial.
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